Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, se rend en Nouvelle-Calédonie à partir de ce 22 février 2025 pour une visite très attendue. À quelques jours de son arrivée, les acteurs économiques sont en pleine effervescence, mettant en avant l’urgence d’actions concrètes face à une économie qui semble à bout de souffle. La question du chômage partiel, ainsi que la nécessité d’une réforme fiscale, émergent comme des priorités cruciales pour les professionnels locaux. Les attentes sont élevées, et le temps presse pour relancer l’économie du territoire.
Cette visite de sept jours pourrait bien être un tournant décisif pour le secteur économique calédonien. Les dirigeants d’entreprises expliquent que sans interventions significatives de l’État, un redressement reste illusoire. Des mesures précises sont demandées pour stabiliser le marché de l’emploi, notamment en clarifiant le cadre du chômage partiel, une aide essentielle pour maintenir le lien employeur-employé pendant cette période de turbulences.
La situation économique en Nouvelle-Calédonie : un état des lieux
Pour mieux appréhender le contexte de la visite de Manuel Valls, il convient de dresser un état des lieux de l’économie calédonienne. La situation actuelle est préoccupante et nécessite une attention particulière de la part des autorités. D’une part, le chômage, qui touche de nombreux secteurs d’activité, a atteint des niveaux alarmants, aggravés par la crise économique qui perdure depuis plusieurs années. D’autre part, la structure économique du territoire, largement dépendante de certaines industries, manque de diversification, ce qui accroît sa vulnérabilité face aux crises externes.
L’absence d’un plan de relance efficace met en lumière les limites des dispositifs actuels pour soutenir les entreprises locales. Les acteurs du secteur productif, comme la Fédération des Entreprises et Industries de Nouvelle-Calédonie (FEINC), réclament une vision à long terme pour pouvoir envisager des projets d’investissement en toute sérénité. Le président de la FEINC, Xavier Benoist, a exprimé l’importance d’une visibilité d’au moins six mois pour permettre aux entrepreneurs de réaliser des arbitrages pertinents.

Chômage partiel : un besoin désespéré de clarté
La question du chômage partiel est particulièrement sensible. Les entreprises, soumises à une pression grandissante, ont besoin de cet outil pour naviguer à travers des périodes d’incertitude. Selon les estimations de la FEINC, le maintien du lien à l’emploi est crucial durant cette période où les perspectives de reprise sont floues. Ainsi, les chefs d’entreprise alertent sur l’importance de clarifier les modalités d’application du chômage partiel, afin d’en faire un véritable levier pour contribuer à la préservation des emplois.
Cette inquiétude s’accompagne d’appels à l’accompagnement technique de l’État pour initier une réforme fiscale indispensable. Une telle réforme pourrait non seulement alléger le fardeau fiscal sur les entreprises, mais aussi stimuler l’investissement local. Le climat d’incertitude à quant aux conséquences d’une telle réforme freine encore davantage les initiatives des entrepreneurs qui cherchent à investir dans l’avenir de leurs sociétés.
Les attentes des acteurs économiques face à la visite ministérielle
La visite de Manuel Valls est accompagnée d’une multitude d’attentes de la part des acteurs économiques locaux. L’un des principaux objectifs est d’obtenir une réunion de travail associant toutes les parties prenantes, comme cela a été le cas lors du forum économique de Bercy qui s’est tenu à Nouméa récemment. Les entrepreneurs espèrent que cette nouvelle rencontre permettra de définir des lignes directrices claires en matière de soutien à l’économie locale.
Certaines problématiques, telles que les assurances couvrant les violences politiques, sont source d’inquiétude pour les entreprises qui souhaiteraient obtenir des garanties leur permettant de se projeter sereinement. Mimsy Daly, présidente du MEDEF-NC, souligne l’importance d’aborder ces sujets délicats et de les traiter avec une attention appropriée pour faciliter la reconstruction des entreprises touchées par les émeutes et les crises récentes.
Favoriser l’emploi local à travers les chantiers publics
Un autre point essentiel abordé par les partenaires économiques est la question des chantiers publics. Les entrepreneurs de Nouvelle-Calédonie souhaitent que l’État garantisse que les financements alloués pour la reconstruction d’infrastructures publiques soient réservés, dans la mesure du possible, aux entreprises locales. L’objectif est de veiller à ce que l’argent public bénéficie directement à l’économie calédonienne, plutôt que d’être siphonné par des groupes extérieurs.
Ce point a été soutenu par Pierrick Chatel, secrétaire général de la CPME-NC, qui a rappelé l’importance d’intégrer les entreprises sur place dans les projets financés par l’État. Des conventions claires pourraient établir des critères favorisant l’attribution de contrats à des entreprises dont l’impact économique serait significatif dans le territoire. Ceci est d’autant plus important que les TPE et les PME représentent une grande part de la structure économique calédonienne.

La nécessité d’un plan de soutien pour les très petites entreprises
Les très petites entreprises (TPE) constituent une part essentielle du tissu économique en Nouvelle-Calédonie. Elles représentent près de 90% des entreprises actives sur le territoire. À ce titre, un soutien spécifique est indispensable pour leur pérennité. Cela passe par des décisions politiques claires et un soutien financier qui leur permettrait de traverser la tempête actuelle.
Le manque de ressources et des conditions d’accès au financement souvent restrictives compliquent la situation de ces TPE, qui peinent à se stabiliser sur un marché complexe. La mise en place d’un plan de soutien à destination des TPE et travailleurs indépendants pourrait contribuer à renforcer leur résilience face aux défis économiques. Cela implique un accompagnement par les services de l’État, tant au niveau financier qu’au niveau des conseils et de l’assistance technique.
Le rôle de l’État dans la revitalisation économique
Pour que les mesures proposées soient réellement efficaces, un engagement fort de l’État est primordial. Les acteurs économiques souhaitent observer des actions concrètes qui transforment les discours en réalités palpables. Cela est d’autant plus vrai dans un contexte où la méfiance vis-à-vis des institutions est palpable.
Un partenariat constructif entre l’État et les entreprises locales doit être établi, orienté vers la mise en œuvre de solutions adaptées à la réalité du terrain. Les entrepreneurs attendent non seulement des annonces, mais également des délais de mise en œuvre clairs pour éviter de tomber dans le cycle des promesses non tenues. Ce climat de confiance est essentiel pour encourager l’initiative privée et instiller un nouvel élan dynamique au sein de l’économie calédonienne.

Perspectives d’avenir pour l’économie calédonienne
Face à des enjeux aussi décisifs, les perspectives d’avenir pour l’économie calédonienne reposent largement sur la capacité des autorités à agir proactivement. La visite de Manuel Valls représente une occasion unique pour discuter des défis auxquels font face les entreprises, mais aussi pour dresser les contours d’une politique économique adaptée aux besoins réels du territoire.
Les enjeux de l’emploi, de la fiscalité et des investissements seront au cœur des discussions, mais il sera aussi essentiel d’impliquer les parties prenantes au-delà des seules institutions gouvernementales. Une approche inclusive, englobant les acteurs économiques et la société civile, pourrait enrichir le débat et aboutir à des résultats concrets.
Coopération entre les secteurs public et privé
La coopération entre le secteur public et les acteurs privés apparaît comme une clé de la revitalisation économique. Des initiatives visant à créer des synergies entre les différents acteurs seraient bénéfiques. Par exemple, des programmes de mentorat ou de soutien à l’innovation pourraient aider les jeunes entreprises à se développer tout en créant des ponts entre l’État et les entrepreneurs locaux.
Ce type de collaboration pourrait également encourager le partage de bonnes pratiques et l’échange d’idées novatrices pour faire face aux défis économiques. En travaillant ensemble, le public et le privé peuvent catalyser la dynamisation de l’économie calédonienne et lui offrir un nouveau souffle.