La Nouvelle-Aquitaine fait face à une importante baisse des intentions de recrutement pour l’année 2025. Un contexte inquiétant pour les entreprises de cette région, qui constatent une diminution des projets d’embauche après une période de reprise post-COVID. Cette situation concerne l’ensemble des départements de la région, avec des implications sur le marché du travail. Après avoir enregistré une croissance significative dans les années précédentes, la tendance actuelle soulève de nombreuses questions. Quelles en sont les causes et comment les entreprises se préparent-elles à ce retournement de situation ?
Une étude de France Travail a révélé que seulement 24 % des entreprises en Nouvelle-Aquitaine prévoient un recrutement pour cette année, un chiffre en nette diminution par rapport aux années précédentes. Les entreprises, qui jadis avaient un appétit pour l’embauche, sont aujourd’hui plus frileuses face à un environnement économique incertain où la reprise semble s’éloigner. Cette baisse, marquée par une diminution des projets de recrutement de 14 %, s’accompagne de défis qui méritent d’être approfondis.
État des lieux des intentions de recrutement en Nouvelle-Aquitaine
En 2024, 269 400 projets de recrutement étaient identifiés en Nouvelle-Aquitaine. Pour 2025, ce chiffre s’est réduit de manière significative, avec une baisse de 43 500 projets. Le contexte général, et particulièrement les résultats d’une enquête menée auprès de 171 000 entreprises, indiquent que la dynamique de l’emploi a changé. Alors que la reprise après les crises précédentes semblait prometteuse, cette nouvelle tendance rappelle les réalités parfois imprévisibles du marché du travail.
Parmi les départements les plus touchés, on note une forte diminution en Corrèze (-25 %), Gironde (-21 %), Charente (-16 %), Lot-et-Garonne (-15 %), et Charente-Maritime (-15 %). En revanche, des départements comme les Landes et Pyrénées-Atlantiques semblent moins affectés, affichant des baisses de seulement 7 %. Une disparité géographique qui souligne les différentes dynamiques économiques au sein de la région.

Les secteurs d’activité et leur impact sur l’emploi
Les intentions de recrutement touchent presque tous les secteurs, y compris les services, l’agriculture, l’industrie, la construction et le commerce. L’enquête souligne que 57 % des intentions de recrutement sont jugées difficiles à pourvoir par les employeurs. Ce constat est alarmant et s’explique par des facteurs variés, notamment le manque de candidats qualifiés, les salaires jugés non compétitifs et les conditions de travail. L’environnement urbain, notamment sur le littoral aquitain ou dans les grandes villes, exacerbe ces difficultés en raison des questions de logement et de mobilité.
Le marché du travail en Nouvelle-Aquitaine, habituellement dynamique, doit maintenant faire face à des défis importants. Les secteurs traditionnellement créateurs d’emplois, tels que le BTP et le commerce, voient leurs besoins en main-d’œuvre diminuer, un phénomène sans précédent dans une région qui a souvent profité d’une croissance constante. Le manque de réponse adéquate aux besoins des entreprises pourrait avoir des conséquences à long terme sur-le-niveau économique régional.
Analyse des raisons à l’origine de cette baisse
La baisse des intentions de recrutement trouve ses racines dans plusieurs facteurs économiques et sociaux. D’abord, la croissance rapide des recrutements observée durant la période post-COVID a conduit à une décélération de l’activité sur le marché du travail depuis 2023. Parallèlement, la situation économique générale s’est dégradée en 2024, ce qui impacte directement les budgets et les perspectives d’embauche des entreprises.
Le secteur des cadres en particulier souffre d’une baisse significative de 12 %, illustrant les défis auxquels sont confrontées les entreprises dans un environnement économique qui reste précaire. D’autres secteurs, comme la construction et le commerce, sont également en difficulté, ce qui est souvent dû à des cycles de recrutement moins réguliers et à une rivalité régionale accrue pour les talents.

Les métiers en tension
Dans ce climat incertain, certains métiers se distinguent par leur difficulté de recrutement. Les conducteurs de transport, les techniciens médicaux, les aides-soignants, ainsi que certains métiers artisanaux comme les boulangers et pâtissiers, sont particulièrement touchés. Ces professions requièrent des compétences spécifiques et une préparation adéquate, souvent difficile à combler dans le contexte actuel.
Les projets de recrutement pour des professions comme infirmiers et aides à domicile restent élevés, mais il est inquiétant de voir que ces domaines souffrent également d’une offre insuffisante. La pénurie de candidats est de plus en plus ressentie dans les régions habituées à une forte demande.
Perspectives et solutions possibles
Face à ce constat alarmant, l’optimisme se doit d’être de mise. Bien que les intentions de recrutement soient à la baisse, un chiffre demeure encourageant : la région a actuellement 100 000 offres d’emploi à pourvoir. Alain Mauny, directeur régional de France Travail Nouvelle-Aquitaine, insiste sur la nécessité de rétablir l’équilibre en adaptant les compétences aux besoins de l’économie locale.
La mise en place de programmes de formation et de partenariats entre entreprises et écoles pourrait offrir des solutions concrètes. Des initiatives innovantes, comme celles proposées par le Medef en Sarthe, illustrent comment une coopération solide peut favoriser l’émergence de synergies bénéfiques pour le marché du travail. Cette approche pourrait être un modèle à suivre pour d’autres départements de la région.

Encourager le recrutement dans les secteurs en tension
Il est essentiel que les entreprises de Nouvelle-Aquitaine adoptent des stratégies d’attraction pour les talents, notamment pour des métiers en tension. Cela passe par des incitations financières, la promotion de meilleures conditions de travail et la valorisation des carrières dans ces secteurs. Des actions au niveau local et régional peuvent également être déployées pour sensibiliser le grand public aux opportunités professionnelles qui s’offrent à eux. Ainsi, la mise en lumière des offres dans les métiers de la santé ou de l’artisanat pourrait contribuer à inverser la tendance actuelle.
Dans ce cadre, plusieurs entreprises commencent à ajuster leurs offre d’embauche en favorisant des profils jugés difficiles à trouver. Le Salon TAF 2025, par exemple, se présente comme une initiative phare visant à rapprocher recruteurs et chercheurs d’emploi dans la région.